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Un déferlement classique dans l’océan de musique… • Marie Vermeulin

Le 2 octobre 2023

https://www.clicanoo.re/article/culture-et-loisirs/2023/07/28/un-deferlement-classique-dans-locean-de-musique
Journal de la Réunion

OPUS POCUS. Pour ce festival créé « pour tous », Nathalie Quipandédié et Yann Vallé, ne pouvaient faire l’impasse de la virtuosité classique dans leur événement pianistique. D’où le choix de l’artiste  française, interprète et compositrice, Marie Vermeulin pour offrir le 12 août un supplément d’âme aux festivaliers à la Délivrance, avec les compositeurs qui ont sa préférence. Dites-nous….

Une première que ce concert à la Réunion ? 

Pour connaitre  votre ile où je suis déjà venue en touriste pour le mariage de ma meilleure amie, en effet  je n’y ai encore jamais joué. J’ai là-bas quelques connaissances  mais elles sont toutes en vacances de ce côté-ci de la mer ! je n’aurai de toutes façons que pieu de temps pour les balades qui me font envie, vu que j’arrive le 10,que je joue le 12,et que le 13 je reprends l’avion, ayant en cette saison un calendrier festivalier assez chargé. Notamment pour une série de concerts à l’Abbaye de Jumièges pour les Musicales de  Normandie où l’on remet les compositrices à l’honneur, certaines extrêmement talentueuse, car nous sommes quelques-uns et quelques-unes à croire que les garder en lumière après tant d’années,  fait partie de notre mission de musiciens, fussions-nous aussi des compositeurs etc es compositrices.

 > Ce sera le cas aussi pour Opus Pocus ?

Avec, oui, des personnalité  peut-être peu connues du grand public telle Mel Bonis ( voir encadré) de retour  en grâce il y a seulement une petite quinzaine d’années.  En Normandie je mettrai aussi Clara Schuman en avant, plutôt que son époux que j’ai toutefois mis au programme pour la Réunion  à l’attention de ceux qui l’apprécient depuis fort longtemps, ceci correspondant, je l’avoue, à un souhait des programmateurs de l’événement qui souhaitent ouvrir leur festival au plus grand nombre de gens.

Votre intervention va s’avérer une exception dans le mouvement jazz éminent pour Opus Pocus. Un courant qui vous est familier ? 

Vous savez, le jazz est omniprésent dans la musique classique  ( Ravel, Debussy i tutti quanti… ) musique fondatrice qu’une majorité de jazzmen s’est appropriée avant de céder aux muses de l’improvisation !( rire). Et quand on écoute du Schoenberg ou du Bernstein, on comprend que le cloisonnement entre les genres n’a rien d’une frontière. Sauf que, du temps de ma scolarité, le jazz était lié au département des musiques actuelles, pas des musiques classiques. Mais il faut savoir soulever les barrières ! C’est vrai, je n’ai encore jamais donné de concert de jazz mais j’avoue que ça me plairait beaucoup de relever ce genre de défi !

> Avant Les Abbayes de Jumièges, vous allez jouer ici dans une église. Très différent d’une salle de concert, un lieu de culte ? 

Il est vrai que, la plupart du temps, je joue dans de grands auditoriums, dans des opéras etc. et que l’on utilise d’ordinaire  davantage les églises pour les choeurs que pour les pianos car l’acoustique y est nettement plus « résonnante » et mon instrument de prédilection  résonne  déjà beaucoup . Pourtant j’ai connu des acoustiques plus fabuleuses dans les lieux sacrés que dans les salles dédiées et je suis très heureuse à l’idée de découvrir celle de la Délivrance. Mon répertoire s’y prête,  comme les variations de Liszt. Un genre de pièce qui, à l’instar d’une fresque, prend du relief et une dimension spirituelle, un supplément de vie et de fraicheur à  mon avis.

> Au fait, le choix du piano dans votre vie ?

Le fait du hasard. Parents non musiciens qui nous ont juste inscrites ma soeur et moi, en province où nous vivions, à des activités sportives et aussi à des cours de piano auprès d’une association,  pour compléter notre éducation mais sans objectif particulier. J’ai eu  la chance de tomber là-bas  sur une excellente musicienne  qui m’a repérée  et a convaincu mes parents que je devais étudier plus sérieusement la musique et prendre des cours à Paris . Ils ont dit ok et je dois reconnaitre aujourd’hui que j’ai été vraiment bien accompagnée  dans cette croissance et cet apprentissage humainement et professionnellement précieux. Le révélateur d’une passion qui m’a conduite à préférer m’amuser avec les oeuvres du répertoire, en grandissant, plutôt qu’avec n’importe quoi d’autre qui séduit tout adolescent. J’aimais tellement ça que j’étais partante pour tous les  stages,  sous prétexte de changement d’air à la montagne ou à la campagne !

> Pas l’impression, étant ado, des contraintes sans fin à faire des gammes pour accéder au haut niveau de l’interprétation  ?

Jamais, car de toutes façons  je n’ai jamais fait beaucoup de gammes !  C’est vrai que l’âge aidant, avec le recul, je me dis que j’ai eu peu de vacances…Seulement j’ai engrangé  dans cette pratique, des souvenirs fabuleux, avec pleins d’amis , des jeux de société, des balades aussi, chouette pour le moral ! J’ai vécu ça comme ça. Et quand je donne des  master classes aux jeunes aujourd’hui je me dis que j’aurais adoré en bénéficier moi aussi !

> Conseils pour  les jeunes qui justement marchent dans votre sillage ?

Un seul :  savoir lâcher prise au moment où on joue pour laisser naître la magie, se laisser porter par le moment présent , s’autoriser à  faire des choses  qu’on n’a jamais faites avant  et…. s’amuser !

Propos recueillis par Marine Dusigne

Concert Piano Solo de Marie Vermeulin à La Délivrance  le 12 août à 20h. Au programme ? Pièces de Robert Schumann (Scènes d’enfants), Claude Debussy (Pour le piano), Mel Bonis (Femmes de légendes) et Franz Liszt (Variations on Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen).

> Il était une fois…

Pianiste française de musique classique née en 1983, Marie Vermeulin a entamé ses études au conservatoire de Boulogne Billancourt avant le CNSM de Lyon puis l’Académie Pianistique d’Imola à Forence. Premier Grand Prix du Tournoi International de Musique à Rome en 2004. Deuxième Grand Prix et Prix du plus jeune finaliste au Concours international Maria Canals de Barcelone en  2006. Idem au Concours international Olivier Messiaen en 2007. Prix d’interprétation de la Fondation Simone à l’Académie des Beaux Arts, en 2016. Nombreux concerts à Paris, Cité de la Musique, Petit Palais, Opéra Bastille… et dans les grandes villes, châteaux et autre abbayes  de France ainsi qu’à l’étranger (USA, Italie, Espagne, Suisse, Allemagne, Belgique, Lituanie, Algérie, Moldavie, Monténégro, Chypre, Liban, Viêt Nam, Philippines, Indonésie, Éthiopie), alternant récitals de piano seul (comme pour Opus Pocus) musique de chambre et concertos.Partout, elle a su imposer un jeu remarqué pour sa témérité technique, sa finesse et sa maturité, donnant en marge des concerts conférences et masterclasses, (notamment sur l’œuvre de Messiaen)..

Messiaen…

 Depuis quelques années, elle explore les écritures contemporaines, travaillant en étroite collaboration avec des compositeurs comme Alain Louvier, Bruno Ducol, Mauro Lanza, Philippe Fénelon, Jérôme Combier, François Meïmoun, Marco Stroppa, Tristan Murail et Pierre Boulez. En 2009, elle a reçu le Prix International Pro Musicis, au nom de l’association qui intervient en musique pour un public de personnes  porteuses de handicaps les privant de se rendre à des concerts classiques. Coté enregistrements elle a notamment participé à  une intégrale Messiaen pour la Deutsche Grammophon, suivi d’un album dédié au même compositeur  acclamé par al critique et un autre, sous le label du Printemps des Arts de Monte-Carlo, consacré à Claude Debussy(1862-1918) dont l’esthétique musicale marque une rupture dans l’évolution de la musique française du début du XX esiècle. « Rompant avec l’idée de respect des traditions, formelles et harmoniques, il composait alors dans le souci d’une expression sonore plus proche des mouvements immatériels de l’âme. À ce titre, les œuvres vocales et les pièces pour piano, ainsi que la musique de chambre et les poèmes symphoniques, sont une aubaine ». Le choix de Marie Vermeulin de ses oeuvres dites « Pour le piano », en témoignera lors de cet opus Pocus, le 12 août à La Délivrance….

Entre femmes !

Melanie Bonis (1858-1937), connue sous le nom de  Mel Bonis, compositrice post-romantique française a été l’élève de César Franck et de Charles Koechlin, avant de faire partie, dès ledébut du xxᵉ siècle, des artistes les plus avant-gardistes en France.Née dans la petite bourgeoisie parisienne, éducation religieuse très stricte, elle s’est initiée au piano en autodidacte jusqu’à l’âge de 12 ans dans un contexte familial plutôt hostile, avant que ses parents, à la demande de tiers, se résignent à lui offrir un enseignement musical. César Franck ouvrira pour elle les portes du Conservatoire en Décembre 1876 où elle partagera les mêmes bancs que Debussy et Pierné. En  classe de chant, elle va rencontrer Amédée Landely Hettich,  jeune homme doué d’une forte personnalité, élève chanteur de Victor Masset et aussi journaliste et critique au journal l’Art Musical. Les parents de Mel s’opposeront à leur mariage, obligeant la jeune fille à quitter le Conservatoire pour les séparer . Elle devra  ses soumettre à un mariage arrangé avec un industriel  de  25 ans son aîné, veufet père de cinq garçons qu’elle élèvera avec les trois enfants nés de cette union Loin de la musique, elle retrouver des ands après son premier amour  qui l’encouragera à composer.On lui doit une soixantaine de morceaux de piano et des recueils pédagogiques, une œuvre pour le chant composée,  de 27 mélodies profanes  et autant de pièces religieuses, une trentaine de morceaux d’orgue, une vingtaine d’œuvres de musique de chambre, une « Suite dans le style ancien » pour sept instruments à vent,  un septuor en fantaisie concertante pour piano et onze pièces d’orchestre dont la « Suite en forme de Valse », l’ensemble de danses « Bourrée-Pavane-Sarabande » et trois « Femmes de légende » cette dernière étant celle qu’a choisi d’interpréter pour nous Marie Vermeulin à La Délivrance.


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