Presse

La Lettre du Musicien – 16 novembre 2015 •

Le 27 novembre 2015

Sélim Mazari au couvent des Récollets, à Paris

Le deuxième récital de la saison parisienne des Pianissimes a permis d’apprécier la richesse de jeu du jeune pianiste Sélim Mazari, dans l’acoustique intime et chaleureuse du couvent des Récollets.
Le pianiste, qui étudie son instrument à Vienne, a ouvert son programme avec une sonate de Haydn. Choix judicieux: l’esprit viennois est totalement maîtrisé. Toute de finesse et de simplicité, la Sonate n°46, en la bémol majeur, permet d’imposer un son à la fois délicat et rond et un phrasé aérien, porté par un jeu expressif. Entre la facétie des mouvements rapides, l’Adagio est interprété avec sobriété, une économie de moyens qui évoquerait presque une aria de Bach !

Le deuxième Livre d’Images de Debussy, qui suit, est le grand moment de la soirée. La maturité expressive du pianiste s’impose davantage encore dans ces pages en demi-teinte, riches des inspirations extrême-orientales chères au compositeur. La maîtrise extrême du son et des nuances, ainsi que des effets de pédale – engourdissante ou lumineuse – permet de savourer les ressources sonores de l’instrument. L’intuition des contrastes caractérise le jeu chamarré de Sélim Mazari, l’un des derniers élèves de Brigitte Engerer. Dans « Poissons d’or », des couleurs vives côtoient sans cesse un fond sombre.

Coloriste, le pianiste devient architecte dans les Variations sérieuses de Mendelssohn. La polyphonie à quatre voix, hommage clair à Beethoven, est conduite avec une clarté classique doublée d’une expressivité toute romantique. L’interprète ménage les effets de surprise entre les variations, tantôt légères, tantôt féroces.

Le Tombeau de Couperin concluait le programme. Le jeu ciselé du musicien sied parfaitement à l’ornementation ravélienne, qui est reine dans cet hommage au Grand Siècle, considéré par Ravel comme l’âge d’or des compositeurs français. On retiendra la sensuelle Forlane, un Rigaudon dense et très sonore, qui montre que le pianiste en connaît parfaitement la version orchestrale et une Toccata menée toute allure, d’une impressionnante maîtrise digitale. (13 novembre)

par Suzanne Gervais



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